3. nov, 2017

Havre

De Paix

Cher Peter, je voudrais t’inviter, en tant que co-fondateur de Maison de Paix, à réfléchir concernant nos repères spirituelles, ou plus simplement le mode dans lequel nous aimons travailler. Une esquisse dessinée au crayon, traçant notre vision, tout en invitant nos camarades-amoureux de la paix à dialoguer avec nous à ce sujet.

Au cours de nos deux dernières conversations à propos de ce « groupe de réflexion » en herbe, autour d'une délicieuse assiette de spaghettis et d'une bière, nous avons convenu que le terme « laboratoire d’idées » pouvait être trompeur. Il se peut que la pensée soit considérée comme l’apanage des intellectuels. Alors, dans ce cas, nous nous séparerions de la collectivité, du commun.

Une maison peut avoir plusieurs salons, mais chacun doit s’y sentir bien. Le boucher doit cheminer avec le chirurgien et vice versa. Ensemble, on dessine ce parcours qui mène à la paix et la mystique. C'est comme cela que nous voyons notre maison : un lieu de liberté, espace libre à l’abri des préjugés. Nous nous y trouvons en tant que personnes libres réciproquant sans équivoque le respect pour la différence de l’autrui.

L'endroit méditatif que nous voulons créer me rappelle un week-end en janvier 2010 que j'ai partagé avec un groupe de croyants Sufi au Soudan, autour du leadeur religieux Mahmoud Taha (1909-1985). Ses adeptes, venant de différents endroits du monde, se réunissaient pour célébrer l'ouverture de leur centre culturel et spirituel, dans la maison historique de leur maître.

Cela s'est passé après un quart de siècle d'exil imposé par la vague de conservatisme religieux des dernières décennies. La Maison Taha, je l'ai vécue comme l'endroit que je cherchais depuis toutes ces années : un lieu d'égalité entre hommes et femmes, où les gens se rencontrent et respectent chacun.

Le week-end est devenu un temps intime de réflexion et d’intériorité, à se pencher sur ce qui inspire et fait rêver. Pendant les ateliers, tout le monde pouvait prendre la parole librement, le temps voulu, jeunes et vieux, femmes et hommes, tous métiers confondus. C'était une source d'inspiration profonde. J'y avais ma place d'enseignant de religion qui voulait en témoigner, mais qui avait aussi beaucoup plus à apprendre.

Thierry