Reflets reflétant moi-même grâce à la présence d'une œuvre d'art durant le Bruxelles Art Fair 2013.

Page d'accueil

Soyez les bienvenus dans mon royaume imaginaire, mon site.
Il est rédigé essentiellement en Néerlandais, comme vous le remarquerez si vous avez le temps de parcourir.

Afin de répondre à la curiosité des copains et copines Francophones que nous avons le bonheur de connaître, je me suis décidé à créer une introduction qui explique un petit  peu ce que nous sommes en train de faire.

Pourquoi ce site? En gros : pourquoi  j'écris?

J’ai l’honneur incommensurable de montrer au public néerlandophone la production de poésie et de prose de vingt années, passées à scribouiller à l’ombre et à l’aise, loin des sanhédrins littéraires, m’adressant à  une petite audience limitée aux proches intimes.

C’est avec un grand bonheur et une satisfaction profonde que je parviens aujourd'hui, finalement, à partager tout cet amas de textes et de vers avec qui le veut, sans contrainte ni obligation, sans peine ni prix à payer, grâce aux bienfaits de la toile.
 

1958

Voilà mes origines.

Voici une photo qui a plus de 50 ans. Nous nous trouvons en 1958 dans le jardin d’un couvent des Sœurs de la Charité à Quatrecht, près de Gand, Belgique.

Cela résume bien un monde qui a disparu bien vite

De gauche à droite on distingue ma grand-mère maternelle qui rayonne. Ensuite ma  tante Mieke, en réalité pas ma tante à moi, mais celle de ma mère, étant la sœur du beau-père de ma mère.

Ensuite nous voyons ma mère qui occupe déjà une chaise roulante en cette année. L’engin n’est quasiment pas visible sur cette image, mais il est bien là. A côté d’elle se trouve ma tante Léonie, la sœur de ma tante Mieke.

Ma tante Léonie était missionnaire en Afrique, au Congo Belge, qui ne se doutait pas encore qu’il serait indépendant un peu plus tard.

Léonie et Mieke sont entrées dans le même ordre. Léonie put partir en Afrique, Mieke pas pour cause de pied bot.

A droite ma sœur, mon père et finalement moi-même à l’âge de deux ans.

Les arbres en toile de fond s’ouvrent sur une perspective qui se fixe sur une vache. C’est ce qui rend la photo fort jolie, je trouve.

Les personnages nous regardent chacun de sa manière. Je trouve cela fort touchant.

 

Encore 1958

La deuxième photo  est peut-être un peu moins réussie en tant que photo, mais possède une valeur sentimentale peut-être encoure plus importante. Nous voyons bien la chaise roulante ici, qui souligne la souffrance de ma mère, déjà visible sur son visage.

On me voit ici de dos, sur les genoux de ma tante Dina, la demi-sœur de ma mère, mais pour moi une tante non moins véritable durant toute ma jeunesse et jusqu’à présent, celle-là même qui nous a envoyé ces photos.

C’est la Flandre à l’ancienne, à l’année même de l’exposition universelle de 1958 qui allait bouleverser les mœurs et les habitudes. La première fois que les Belges durent payer un obole afin de pouvoir visiter les toilettes, comme remarqua ma tante Dina façon espiègle.

La Flandre catholique d’avant le deuxième concile Vatican, ce qui se voit aux amples robes des sœurs. Un beau jour au mois d’août.

La souffrance est déjà là encore un peu cachée mais bien présente. Mais il prédomine ici encore une ambiance d’insouciance bucolique.

Il s'agit d'une société qui n'existe plus et dont les générations cadettes n'ont plus aucune idée.

 

A fleur de peau

Je suis médecin généraliste indépendant à Bruxelles.

Le cabinet se situe en plein cœur de la capitale et il accueille un public très varié, à l’image de la population qui l’entoure. Nous servons une clientèle qui est très bigarrée, cosmopolite et internationale.
Un grand nombre parmi ceux qui nous consultent, est issu, comme on dit, d'un milieu défavorisé.
Chacun, chez nous, est le bienvenu avec son histoire et son vécu. C’est un travail passionnant qui nous expose à toute cette richesse de cultures et religions.

J'ai des liens de famille et d'amitié avec ces nombreux membres de la communauté immigrée, qui n'est pas une communauté à vrai dire, mais une nébuleuse de petits groupes de gens qui ne s'identifient pas nécessairement comme faisant partie d'une communauté plus large.

Credo

Au fil des années, à tout vous dire, parmi ces cultures et religions, il y en a une qui est devenue prépondérante. 
Il s’agit de l’Islam. Je pense qu’une nette majorité de la population desservie par notre cabinet médical appartient à cette dénomination, d’une façon ou d’une autre.

Il va sans dire que nous servons ce public avec tout le respect qu’il mérite au même titre que toute autre dénomination. Mais il y a plus.
Suite à un développement personnel j’en suis arrivé à embrasser l’Islam et à l’accepter comme  guide de mon cheminement.
Je parle bien évidemment de l’Islam illuminé par la science et par l'histoire, un Islam ouvert et moderne.
Le vrai Islam ne connaît pas la contrainte et abhorre la violence.
Dieu est le juge des âmes et il ne nous appartient pas de juger nos proches.

Amis et complices

J'ai des amis un peu partout dans le monde.

Grâce a la toile électronique il est devenu facile de s’envoyer des messages et des images.

Voici une photo qui nous arrive d'Outre-Atlantique de mon ami de jeunesse, Luc Georges, qui est artiste à New-York en qui m'envoie des images surprenantes de temps en temps.
Certaines d'entre elles ont publiées dans le livre NYC Radical Faeries, Starbooks Press 2007.

 

Agnes de New York

Encore une photo de Luc Georges, New York.
Le personnage s'appelle Agnes Knows.
Je suppose que cela s'appelle 'body art.' L'art de transformer le corps humain en œuvre d'art. L’individu est devenu une pièce d’exposition. Un peu loufoque. Un peu inquiétant.
Elle nous parle d'un autre univers que le nôtre, un peu plus étincelant et certainement plus baroque, ruisselant de couleurs, un peu surréel, onirique. C'est un peu le clown qui nous éblouit par son costume et son attitude, mais qui n'est jamais très loin du tragique.
On soupçonne là chez Agnes une rage ou un désespoir qui la rend vulnérable et d'autant plus admirable.
Il y a un certain sérieux caché quelque part qui la sauve du superficiel et de l'éphémère.
Le maquillage et le costume, ici, ne sont pas au service du beau, dans le sens classique. Ce n'est pas (que) de belles images. C'est plutôt une présence qui inquiète, qui interpelle et qui interroge.

Traductions

Voici quelques poèmes de grands poètes français bien étonnés de se trouver ensemble. Ils n'ont de commun que le fait d'avoir été traduits en Néerlandais par mes propres soins.
Les traductions sont faciles à trouver sous 'vertalingen' sous Pasquino, sur ce site.
Les quatre premiers ont été choisis par le compositeur Kaikhosru Sorabji, Persien et Brittanique en même temps, qui les a rendus en musique.

Le faune

Le faune

(Paul Verlaine; Fêtes galantes, 1869)

                         

Un vieux faune de terre cuite

Rit au centre des boulingrins,

Présageant sans doute une suite

Mauvaise à ces instants sereins

                         

Qui m'ont conduit et t'ont conduite.

Mélancoliques pèlerins,

Jusqu'a cette heure dont la fuite

Tournoie au son des tambourins.


Commentaire

La photo n'est pas un faune de terre cuite mais le faune des Barberini, qui se trouve dans les musées du Vatican. C'est que je le trouve épatant.

Les chats

Les chats

(Charles Baudelaire; "Spleen et idéal", Les fleurs du mal, 1857)

                         

                       

Les amoureux fervents et les savants austères

Aiment également, dans leur mûre saison,

Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,

Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

                         

Amis de la science et de la volupté,

Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres;

L'Erèbe les eut pris pour ses coursiers funèbres.

S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté,

                         

Ils prennent en songeant les nobles attitudes

Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,

Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;

                         

Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,

Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,

Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

Fête galante

La dernière fête galante

 

(Paul Verlaine; Parallèlement, 1889)

                         

Pour une bonne fois séparons-nous,

Très chers messieurs et si belles mesdames.

Assez comme cela d'épithalames,

Et puis là, nos plaisirs furent trop doux

                         

Nul remords, nul regret vrai. Nul désastre!

C'est effrayant ce que nous nous sentons

D’affinités avecque les moutons

Enrubannés du pire poétastre.

                         

 Nous fûmes trop ridicules un peu

Avec nos airs de n'y toucher qu'a peine.

Le Dieu d'amour veut qu'on ait de l'haleine,

Il a raison! Et c'est un jeune Dieu

                         

Séparons-nous, je vous le dis encore.

O que nos cœurs qui furent trop bêlants,

Des ce jourd'hui réclament, trop hurlants,

L'embarquement pour Sodome et Gomorrhe


Commentaire

L'image est du vieux Jan  Brueghel

Chrysilla

ChrysiIla

                         

(Henri de Regnier; "Medailles votives.", Les medailles d'argile, 1900)

                         

Lorsque I’ heure viendra de la coupe remplie,

Déesse, épargne-moi de voir à mon chevet

Le Temps tardif couper sans pleurs et sans regret,

Le long fil importun d'une trop longue vie

                         

Arme plutôt I’ Amour; hélas! Il m'a haïe

Toujours et je sais trop que le cruel voudrait

Déjà que de mon cœur, à son suprême trait,

Coulât mon sang mortel sur la terre rougie.

                         

Mais non! Que vers le soir en riant m'apparaisse,

Silencieuse, nue et belle, ma jeunesse!

Qu'elle tienne une rose et l'effeuille dans l'eau;

                         

J'écouterai I’ adieu pleuré par la fontaine

Et sans qu'il soit besoin de flèches ni de faulx,

Je fermerai les yeux pour la nuit souterraine.

Brumes et pluies

Brumes et pluies

 

(Charles Baudelaire;  Les fleurs du mal, 1857)

                       

O fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,

Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue

D'envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau

D'un linceul vaporeux et d'un brumeux tombeau.

                           

                           

Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,

Où par les longues nuits la girouette s'enroue,

Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau

Ouvrira largement ses ailes de corbeau.

                           

Rien n'est plus doux au cœur plein de choses funèbres,

Et sur qui dès long-temps descendent les frimas

O blafardes saisons, reines de nos climats

                           

Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,

Si ce n'est par un soir sans lune, deux à deux,

D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.

Le bonheur de ce monde

Le bonheur de ce monde

(Christophe Plantin)

                       

Avoir une maison, commode, propre & belle,

Un jardin, tapissé  d`espaliers odorans

Des fruits, d`excellants vin, peu de train, peu d`enfans,

Posséder seul, sans bruit, une femme fidèle

                         

N`avoir dettes, amour, ni procès ni querelle

Ni de partage à faire avecque ces parents.

Se contenter de peu, n`espérer rien des Grands,

Régler tous ses desseins sur un juste modèle.

                         

Vivre avecque franchise & sans ambition,

S`adonner sans scrupule à la dévotion,

Domter ses passions, les rendre obéissantes.

                         

Conserver l`esprit libre & le jugement fort,

Dire son Chapelet et cultivant ses entes,

C`est entendre chez soi bien doucement la mort.

Commentaire

Photo: La maison Plantin-Moretus à Anvers